Roger Wango, figure emblématique du reggae burkinabè et mémoire vivante de la scène musicale des années 1980, a récemment marqué les esprits en offrant à Ouagadougou un concert inédit, « Music for Peace », placé sous le signe de la réconciliation, de l’espérance et de la cohésion nationale. Organisé par Everest Institut le 16 août 2025 au Stress Out, ce rendez-vous ne s’est pas limité à la revisite de quatorze de ses chefs-d’œuvre, il a surtout redonné voix à une solidarité culturelle en des temps de fragilité sécuritaire.
Loin des feux de la rampe, le « Ragga de Ouaga », comme l’appellent affectueusement ses pairs, se distingue moins par le faste que par sa résilience. Originaire de Tanga, il a sillonné les scènes avec des formations telles que Rastafari Brothers et Zama Sounogo Bande, y compris à l’international, avant de revenir au pays et d’être intronisé chef traditionnel de son village en 2016, sous le titre honorifique de Manegre Naaba Zipenda Wedga. Il incarne ainsi un double rôle rare, celui de l’artiste universel et du gardien des traditions locales.
Ce retour scénique est loin d'être un simple événement musical : il symbolise la remontée du moral national et rend hommage à ceux qui tiennent le front. Comme il l’a lui-même souligné : « Après le concert, un geste en faveur des personnes en situation de vulnérabilité est également inscrit dans ce projet », montrant que son engagement dépasse les notes pour toucher des réalités sociales concrètes.
Ce que beaucoup ignorent, c’est la profondeur de cet engagement : Roger Wango ne se limite pas à son registre sonore. Ce concert, pensé depuis trois ans, propose une musique qui soigne, rassemble et valorise la dignité collective. Entouré de figures majeures de la scène contemporaine comme Floby, Smarty, Zedess et Ima Hado, il crée une convergence générationnelle, reliant ceux qui ont grandi avec ses titres à ceux qui découvrent ses nouvelles collaborations.
La force de ce geste réside également dans sa sobriété : un prix d’entrée accessible, fixé à 5 000 F CFA, pour garantir que cet appel à l’unité touche tous les citoyens. Ici, le symbole prime : un artiste chevronné refuse la mise en retrait pour redevenir un porteur d’espérance, conscient de la fonction civique de la culture.
À travers Roger Wango, l’idée d’une musique comme ciment social resurgit avec éclat. Sa trajectoire, de l’ombre des années 1980 aux scènes internationales, jusqu’à ce rôle de guide culturel affirmé, témoigne que l’art est un appel, et que la voix d’un homme engagé peut résonner comme un message de paix, de reconnaissance de l’autre et d’engagement communautaire.
Bravo à Maurice Zoungrana, alias Kenzo Kash Liguidi, pour ce projet !